Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 07:36

 

ça c'est de la couleur, non?

RIMG0076

Je me régale avec la teinture au carthame...

Je n'avais jamais utilisé cette plante dont la couleur est réputée non solide mais une commande m'y a poussée, et je ne regrette pas!

La teinture au carthame est très particulière. Il y a 2 principes colorants dans les capitules des fleurs, un jaune et un rose, et il faut les séparer pour faire la teinture.

J'ai testé 2 méthodes: celle de Berthollet qui consiste à laver les fleurs pour éliminer le colorant jaune. C'est trèèèèèèès long à faire, ça utilise beaucoup d'eau et le colorant jaune est perdu.

Ensuite, on récupère les fleurs et on les met dans un bain avec des cristaux de soude. Le bain devient rouge. On y met la fibre et on ajoute du jus de citron pour fixer le colorant sur la fibre qui devient rose.

Toutes ces opérations se passent à température ambiante, sans chauffer les bains.

J'ai ensuite testé la méthode donnée par Karin Delaunay dans son livre "Teintures naturelles, Plus de 130 recettes expérimentées et partagées".

Cela se passe en 2 temps.

D'abord on récupère le colorant jaune par 2 macérations successives.

J'y ai teint de la laine et du coton. La laine est devenue jaune-verdâtre, mais le coton n'a rien donné.


crthame 003jaune de carthame sur laine, et rose de carthame sur laine et sur soie.

Les 2 roses ont été faits dans le même bain. la soie prend vraiment bien la couleur!


Pendant ce temps on prépare de l'eau de cendre.

On y met les fleurs récupérées pour développer le colorant rose.

On y met les fibres que l'on passe ensuite dans un bain vinaigré.

Dans le cas précis, j'avais besoin de faire un ton orangé. J'ai donc donné un pied orange avec du rocou.

crthame 005

Différents résultats en fonction de la méthode et du temps de teinture.

 

Maintenant je teste la solidité de tout ça à la lumière (enfin, si le soleil veut venir!).

crthame 002

Pour faire le test lumière il suffit d'exposer les fibres dont une partie reste couverte derrière une fenêtre pendant quelques jours. Résultat la semaine prochaine...

Je crains un peu le résultat, mais ça ne fait rien, j'aurais testé une nouvelle teinture!

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 15:15

Le soleil tarde à venir mais j'ai un programme de teinture qui va m'apporter les couleurs qui manquent un peu cette année.

Tout d'abord, je viens de teindre à l'indigo un magnifique coton filé à la main au Mali, que j'ai retordu avec un fil de soie

fils-coton-011.jpg

Il y a 2 grosseurs.

Ce sont des essais avant une collaboration avec AMI qui sera à Chinon avec ses tissages pour le Voyage Textile les 17 et 18 novembre.

Pour l'instant je n'ai que 200 grammes mais je vais bientôt recevoir 5 kilos que je vais retordre et teindre.

ça, c'est pour l'amusement.

Pour le travail je viens de teindre 5 kilos dans une couleur...indéfinissable...genre marron-rouge-violet...(oui ça existe!). Ce fil est destiné à devenir un velours de soie tissé -à la main- par Franz, un tisseur formidable  que j'ai rencontré cette année et qui a plein de projets plus intéressants les uns que les autres.

Là je dois encore teindre 4 kilos de soie de cette couleur indéfinisable pour la trame du velours.

J'ai aussi à faire des essais de rouge ponceau (couleur coquelicot) en suivant une recette ancienne pour une reconstitution. ça m'intéresse car c'est une démarche nouvelle pour moi. D'habitude, quand on me demande une couleur on veut que ce soit une couleur solide. A moi de me débrouiller pour avoir la teinte au plus près mais j'ai le choix de la méthode et des colorants.

Là la démarche est différente. Je dois refaire selon la méthode ancienne, même si d'avance on sait que ce ne sera pas une couleur qui va tenir longtemps. En l'occurence je dois utiliser du carthame fréquemment utilisé autrefois mais si peu solide qu'il a été remplacé par la cochenille.

Ensuite je dois faire du cramoisi.

J'aime bien avoir à retrouver ces nuances précises.

Je ferai les photos au fur et à mesure.

Quasiment toutes les semaines on me demande si cette année je vais faire des stages de teinture. La répone est non, pas cette année. Mais je vais me faire un nouvel atelier et si les travaux sont finis , je reprendrai les journées couleur et les stages l'an prochain.

Partager cet article
Repost0
24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 07:00

 

 

24 avril 2012

Journée où l'on devait aborder l'ameublement...

oui mais...

Après avoir défini les normes en matière de taille des différents articles (rideaux, portières, dessus de lit, coussins, sets de tables, etc...) j'ai demandé qui voulait réaliser quoi. Et là, pas de réponse...

Toujours ce problème de manque de matière première.

Alors que je suis persuadée qu'il y a un marché pour les articles d'ameublement, ils hésitent à faire de grosses pièces de crainte de ne pas les vendre.

J'ai donc commandé à l'un d'eux le tissage nécessaire à la réalisation d'un couvre-lit pour pouvoir leur expliquer la méthode de montage à base de carrés, assemblés au crochet.

Quand ils ont vu le montage, ils ont tout de suite compris et aimé la méthode : Je leur ai suggéré d'en faire 1 ou 2 en démonstration et de travailler sur commande. Le feront-ils ?

Sur le même principe d'association tissage-crochet, je leur ai proposé la réalisation d'un chèche, foulard carré plié en triangle que l'on porte autour du cou, et qui offre une alternative aux éternelles écharpes.

 

mission mada 2012 004

Devoir couper un tissage leur pose un problème, c'est presque « tabou ».

Malgré tout Philibertine en a commencé un, mais il n'était pas fini quand je suis partie.

Le reste de la semaine a été consacré à essayer de mettre de l'ordre dans leur envie de crochet et dans le choix d'un objet à réaliser.

 

Elles avaient le choix entre :

différents modèles de sacs

des chapeaux

une casquette (très à la mode à Madagascar)

une housse de coussin associant tissage et crochet

des sets de table

un dessus de lit

une veste associant le tricot et le tissage 

un chèche associant tissage et crochet

 

Le choix a été un peu compliqué, entre l'objet choisi et le point qu'elles souhaitaient faire qui n'allaient pas forcément ensemble...

Parallèlement je tentais de les intéresser à l'association raphia- soie sauvage, mais cela ne semblait pas les concerner.

 

28 avril 2012

Etant sur place depuis 10 jours, j'ai éprouvé le besoin de souffler, et je suis partie en week-end prolongé chez ma fille à Manandona.

 

La semaine suivante devait être consacrée à la gestion, domaine dans lequel Larisoa est compétente, et comme jusqu'à présent elle ne semblait pas avoir trouvé ses marques, je pensais que ce serait pour elle un bon moyen de s'affirmer.

Nous avions rendez-vous le 1er mai à 9 heures.

9 heures, 10 heures, midi... pas de Larisoa.

J'essaie de la joindre au téléphone mais il n'y a pas de réseau.

Sandrandahy est dans une cuvette et les possibilités de réseau très restreintes.

La journée se passe donc à faire du crochet. J'aide chacune dans la réalisation de son modèle. Finalement, le manque de traduction est compensé par les gestes.

 

De mon côté, j'ai commencé un béret en associant raphia et soie sauvage.

 

Le lendemain et les jours suivants, toujours pas de nouvelles de Larisoa, ni de la CCI, ni du coordinateur... la première casquette est finie, un chapeau aussi. Pour les autres, les projets sont moins clairs...

 

Le 7 mai, je crois, j'ai enfin la visite de Maharavo. J'avais demandé à Henri de se renseigner et d'essayer de savoir pourquoi Larisoa n'était pas là. Personne ne sait pourquoi elle ne vient pas, mais «  il n'y a pas de problème, hein, tout se passe bien ? »

Oui, tout se passe bien, mais quand même, je trouve que c'est un peu léger de la part du coordinateur et de la Cci !

 

Le week-end du 5 et 6 mai, après une visite éclair à Ambositra, je me mets à faire des chaussons, avec la semelle en raphia et le dessus en soie sauvage. J'ai trouvé à Ambositra des boutons sculptés en forme de tortue et l'ensemble est agréable au pied et à l'oeil.

 

Le modèle plaît tout de suite à Rasola, qui commence immédiatement une paire, puis c'est une épidémie : Bernadette, Henriette, Louise...tout le monde fait ses chaussons, mais seulement Rasola avec la semelle en raphia... Pour elles c'est une découverte : à Madagascar les chaussons c'est pour les enfants. Les adultes ne portent pas de chaussons. Ils sont nus pieds dans les maisons, même l'hiver quand il fait froid.

 

mission mada 2012 026

Les premiers chaussons de Rasola !

 

 

De mon côté, n'ayant pas pu avoir de matière première, dès que j'ai fait un modèle je le défait pour un faire un autre...

Larisoa revient le lundi comme si de rien n'était, mais il nous reste peu de temps pour finir les objets commencés qui devront être présentés à la restitution le lundi 14.

Le programme de gestion est donc passé à l'as.

 

14 mai 2012

Jour J, restitution.

 

 

Voilà, c'est la fin...Si bien des points ont été abordés de manière théorique, je reste sur ma faim.

J'aurais voulu aborder le problème de la texture des tissus , de la différence entre tissu d'ameublement et tissu pour le vêtement, faire

un peu de couture, mais sans machine à coudre ce n'est pas évident.

J'aurais voulu stimuler leur créativité en leur faisant faire des exercices à partir de carrés de tissages, mais à chaque fois le manque de matière première s'imposait comme une barrière à tout projet.

J'ai le sentiment d'avoir fait une formation crochet. C'est un peu réducteur face aux multiples possibilités qu'un minimum de préparations avant ma venue auraient pu permettre, mais Rasola, Louise, Bernadette, Georgette, Gisèle, Henriette, Olga, Philibertine ont l'air contentes.

Henri et Prisca aussi, même si ils ont été plus en retrait par rapport aux autres. (on ne peut pas être au four et au crochet, hein Prisca?)

 

 

 

 

Détail des réalisations

 

 

 

mission-mada-2012-063.jpg

 

 

Gisèle s'est spécialisée dans la fabrication de casquettes, on ne pouvait plus l'arrêter...Rasola dans celle des chapeaux et des chaussons avec autant d'ardeur ! Georgette a préféré faire une étole.

 

mission mada 2012 066

 

 

 

 

 

Philibertine a commencé ce modèle de veste-châle faite d'une écharpe tissée pour le devant et d'un dos tricoté

(modèle Madasilk), mais elle n'avit pas terminé le tricot à la fin de la mission.

 

photos-catalogue-Y-021.jpg

Elle a également commencé un chèche ,

mais n'a pas eu le temps de le terminer non plus.

 

 

 

 

De nouvelles techniques ont été abordées :

L'association crochet-tissage pour faire des couvre-lits sous forme de carrés assemblés.(en cours, non terminé).


mission-mada-2012-007.jpg

 

L'association raphia-soie sauvage, ici pour un chausson, offre de multiples applications jusqu'aux plus design. Mais il est nécessaire de présenter des prototypes d'objets pour convaincre les artisans de se lancer dans cette fabrication.

 

mission-mada-2012-013.jpg      mission mada 2012 073      mission mada 2012 011      mission mada 2012 071       mission-mada-2012-015.jpg

 

Je serais curieuse de voir l'an prochain ce qu'elles auront continué à faire. (Ce sera en fonction de ce qu'elles auront vendu à Santa Fe cette année). Pour ma part, l'association raphia-soie sauvage me plait beaucoup et je crois que je vais continuer à exploiter cette piste pour leur proposer d'autres modèles.

 

La mission proprement dite est donc terminée. Il faut que j'aille à Tana pour une réunion à la FCCI, puis que je m'occupe de mes affaires là-bas avec Tiana qui dirige  l'atelier de fabrication du fil "Tana" (nouveaux coloris), que je voie avec Emilie les détails d'organisation pour sa venue en novembre aux salons de Moncoutant et de Chinon, que j'aille  avec Camille à Soaniranana Ivongo, sur la côte est, pour voir l'endroit où elle va avoir un poste de prof à la rentrée, et que j'aille à Manonpana me faire dévorer par les moustiques  qui m'ont si gentiment transmis un joli streptocoque doré dont je n'arrive pas à me débarrasser... voilà comment occuper presque 2 mois sans voir le temps passer!

Partager cet article
Repost0
19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 12:00

mission-mada-2012-021.jpg

à quoi reconnait-on qu'il y a une réunion à Sandrandahy?

à ça!

On passe son temps à enlever ses chaussures avant de rentrer dans une maison, à les remettre, à les re-enlever...

j'avais des sandales et un peu lasse de devoir les attacher, les détacher, les rattacher, etc... je me suis dit que j'allais adopter la chaussure traditionnelle malgache:

la tong en plastique!

j'ai donc attendu le jour du marché pour rechercher l'objet convoité...

j'en ai trouvé une qui me convenait,

mission-mada-2012-029.jpg

mais le vendeur n'a jamais pu trouver l'autre...

J'avais le choix entre la même couleur mais pas la même pointure, ou la même pointure mais pas la même couleur!!!

Finalement, j'ai mis mes sandales en mules...

Partager cet article
Repost0
15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 07:04

 

 

La visite des ateliers m'a permis de voir qu'il y avait 2 groupes différents :

les artisans-agriculteurs, dont l'artisanat est la seule source de revenus de la famille, l'agriculture étant auto- suffisante.

Ils n'ont pas d'atelier proprement dit : on installe le métier le soir, après la journée aux champs et on travaille en famille.

Et les artisans « professionnels », qui ont des salariés. Il y a un local spécial réservé au tissage et les tisserands sont souvent logés sur place.

Les « patrons » participent au travail soit dans la préparation des fils (teinture, encollage) ou dans la transformation après tissage, mais ne tissent pas.

La méthode de tissage reste très traditionnelle : métier au sol, chaîne continue qui permet de tisser 2 écharpes sur la même chaîne. C'est d'ailleurs l'unité de travail quotidienne pour un tisserand qui malgré tout est payé au mètre.

Les conditions de travail seraient impensables pour un européen, mais c'est ainsi depuis des générations.

Le matériel n'a pas évolué depuis des siècles et les artisans ont une bonne maîtrise de leur outil de travail.


mission mada 2012 016

Il y a pourtant 3 grands métiers à tisser modernes appartenant à l'association mais je ne les ai pas vus fonctionner : est-ce parce que cela demande plus de matière première pour monter une chaîne plus longue ?

Le manque d'argent fait que l'on produit au fur et à mesure et qu'il est impossible de monter une chaîne pour 10 ou 20 écharpes, ce qui pourtant rationaliserait le travail.

 

En ce qui concerne la fabrication du fil, et bien que des rouets soient à leur disposition, ils préfèrent encore le filage au fuseau.


mission-mada-2012-003.jpg

 

 

J'ai constaté à plusieurs reprises le manque de patience en matière d'apprentissage des malgaches. S' ils n'arrivent pas tout de suite, ils laissent tomber.

C'est un peu le cas avec les rouets. Il faut un peu de temps pour maîtriser le pédalage et le filage, mais ensuite cela permet de gagner beaucoup de temps par rapport au filage au fuseau. Mais comme ils n'ont pas persévéré, les différents réglages du rouet leur échappent complètement et ils ne voient pas l'intérêt de l'outil.

 

Ajoutez à cela un certain temps de réaction avant de réparer les choses quand il arrive un petit problème...

Le point faible des rouets fabriqués à Madagascar est une petite pièce en caoutchouc qui relie la pédale à un axe qui fait tourner la roue. Cette pièce est de mauvaise qualité et le caoutchouc casse rapidement.

J'ai donc cherché un moyen de remplacer cette petite pièce par autre chose de plus solide . N'ayant pas d'outils avec moi j'ai demandé à ce qu'un homme vienne avec un tournevis et un arrache-clou, et à ce que nous réparions ensemble un rouet pour que par la suite, au fur et à mesure des besoins tous les rouets soient réparés. J'attends encore... pour une réparation qui aurait pris en tout et pour tout 5 minutes...j'ai expliqué la marche à suivre, mais je parie que le rouet n'est toujours pas réparé...

 

Tout cela pour dire que, en dehors des méthodes traditionnelles il semblerait qu'il n'y ait point de salut pour les artisans malgaches.

Ils se privent de possibilités de considérablement améliorer leur productivité et leurs conditions de travail.

C'est d'autant plus dommage que le matériel est là, sous-exploité.

Revenons au diagnostic.

Les autres demandes concernaient le besoin de nouveaux modèles, la teinture , la couture, et trouver de nouveaux marchés.

 

En fonction de ces demandes je leur ai fait une liste de domaines où je pouvais intervenir et nous avons élaboré un calendrier de séances communes, suivies d'un programme individuel selon les besoins de chacun.

 

19 avril 2012

Journée filage

 

Je voulais faire le point sur les rouets et les mises au point à y apporter.

L'idée n'était pas de les faire filer mais de retordre du fil pour pouvoir ensuite soit tricoter, soit faire du crochet. Cela donne un fil plus souple et rond et donc un ouvrage plus régulier que si on tricote ensemble 2 fils sans les retordre.

C'est aussi une bonne méthode pour apprendre à coordonner les mouvements du pied et des mains et acquérir l'automatisme du pédalage avant de passer au filage.


mission-mada-2012-030.jpg

 

Un peu plus tard, j'ai eu la satisfaction de constater que quelques uns des artisans avaient toujours recours au retordage au rouet avant de commencer un ouvrage. D'autres non et préféraient encore utiliser 2 brins non retordus.

 

 

20-21 avril 2012

Journées crochet.

La majorité des artisans inscrits étant féminine, et à leur demande, nous avons d'abord fait le point sur ce qu'elles savaient déjà faire ou non. Elles voulaient apprendre de nouveaux points au crochet.

J'avais apporté différents ouvrages récents et sur les tendances actuelles.

Il ressort que le raphia est très à la mode cet été.

Sandrandahy est à 20 kilomètres de Fandriana, capitale du raphia.

Devant les difficultés à s'approvisionner en soie sauvage et son coût, j'y ai vu là une opportunité : utiliser le raphia et la soie sauvage, 2 matières naturelles qui se marient à la perfection et permettent des objets très design, tout en baissant de manière significative leur prix de revient.

J'ai donc demandé à avoir une botte de raphia pour faire des essais. Une semaine passe sans réponse. De guerre lasse, j'ai demandé à Larisoa qui rentrait à Ambositra pour le week-end de m'acheter une botte de raphia au marché pour que l'on puisse enfin travailler.

Parallèlement, j'ai eu toutes les peines du monde à acheter 100 grammes de soie sauvage pour faire mes prototypes.

 

Quand elles ont eu les livres de crochet entre leurs mains, les choses sont parties dans tous les sens : elles voulaient faire tel ou tel modèle, sans savoir si elles auraient assez de fil pour aller au bout, sans savoir non plus si le choix était judicieux...des sous-verres en soie sauvage, cela reste discutable...Pendant 2 jours je les ai laissé assouvir leur besoin de tester de nouveaux points et elles s'en sont donné à cœur joie ! Mais j'avais l'impression que ma mission « flottait », et que je ne savais pas du tout où j'allais...

 

 

23 avril 2012

Journée teinture

 

Tous pratiquent déjà la teinture végétale, mais tous ont demandé à revoir les bases de la méthode car ils agissent un peu « au pif ».

Le matin a donc été consacré à une mise au point théorique , la partie pratique étant pour l'après-midi.

Ayant suivi les mêmes formations, ils utilisent les plantes locales qu'on leur a indiqué : le nato pour les bruns-rouges, le dingadingana pour les verts, le curcuma pour les jaunes (bien que pas solide à la lumière), un champignon pour les bruns, de la boue pour les noirs, et quelques tentatives de teinture à l'indigo.

Or autour d'eux il y a d'autres possibilités . Je leur ai fait voir comment tester un végétal pour voir s'il donne une couleur intéressante. Une variété d'acacia très répandue était en pleine floraison et nous avons fait un joli jaune, plus doux et surtout plus solide que le curcuma. Une autre variété à fleurs violettes a donné un vert.

 


 

mission mada 2012 047

mission mada 2012 048

mission mada 2012 049

 

 

Mais l'utilisation de l'alun est indispensable pour la fixation de la couleur avec ces plantes. Or il faut acheter l'alun...pas sûr donc qu'ils continuent à l'utiliser ce qui nuira à la résistance des teintures à la lumière.

La saison n'était pas la plus propice aux expériences (début de l'hiver). Par exemple, les fruits des cactus raquettes n'étaient pas à maturité et n'ont pas donné le rose attendu, et les feuilles d'indigo commençaient tout juste à être bonnes pour la cueillette mais la température, fraîche la nuit, ne permettait pas de faire une cuve. Tout ceci est donc resté théorique.

Une autre de leur demandes concernait le noir.

Un village « concurrent », Soatanana, est réputé pour ses teintures noires à base de boue ferrugineuse sur un bain tannique.

Or apparemment la terre de Sandrandhy n'est pas aussi riche en oxydes ferreux et la couleur noire est moins intense. Je leur ai donc suggéré d'utiliser de l'eau de clous, eau dans laquelle on a mis des bouts de fer à rouiller, et d'essayer sur une base déjà teinte avec du nato, mais faute de matière première nous n'avons pas fait les essais.

Partager cet article
Repost0
11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 07:00

 

 

La première semaine étant consacrée à l'établissement d'un diagnostic des objectifs et des priorités, je souhaite rencontrer individuellement chaque artisan dans son atelier. Je les connais déjà presque tous pour les avoir déjà eus en formation l'année précédente.

 

Nous commençons donc par Henriette dont la maison est à 200 mètres en contrebas du centre.

Ce premier entretien se déroule dans la pièce principale de la maison qui est à la fois la salle à manger, la chambre, et l'atelier d' Henriette . Elle ne tisse pas mais ne fait que du filage au fuseau. Un peu timide, elle parle peu, d'autant que nous sommes accompagnées de la moitié des artisans. Larisoa traduit tant bien que mal les questions-réponses.

 

Après ce premier entretien nous descendons à pied les 2 kilomètres qui nous séparent du village et allons chez Philibertine.

Philibertine est la présidente de l'association Sahalandy. C'est une association créée il y a 5 ans pour regrouper différentes petites associations oeuvrant dans le même but. Il y a 80 adhérents environ, dont 30 actifs.

A voir Philibertine on ne soupçonne pas l'énergie qu'elle déploie quotidiennement. Elle dégage plutôt une sorte de nonchalance tropicale...pourtant, cette mère de 8 enfants mène de front ses activités artisanales, domestiques et s'occupe activement de l'association, toujours avec le sourire...

 

Philibertine

 

Puis nous allons chez Henri et Prisca où un déjeuner nous attend.

Prisca sera « ma » cuisinière pendant le séjour. Elle a un projet de restaurant non loin du centre artisanal. (C'est la première fois que je n'ai pas maigri pendant un séjour à Madagascar, j'aurais même pris du poids...Prisca m'a concocté pendant tout le séjour des petits plats meilleurs les uns que les autres, en très grosse quantité : je n'ai jamais pu finir une assiette!).

Elle a certes pris son rôle de cuisinière très au sérieux, mais au détriment de l'objectif de la mission., elle n'aura pas eu le temps de travailler sur un seul modèle.

Henri, lui, travaille dans son coin et me fait voir quotidiennement ses réalisations : sac, sac à dos qui sont très originaux par rapport à ce que j'ai vu jusqu'ici et nous pouvons discuter des points à améliorer. Mais il ne semble pas vouloir que les autres voient ses modèles.

 

L'après-midi et les jours suivants nous faisons ainsi le tour des ateliers, ce qui me fait découvrir les environs de Sandrandahy, certains étant à 1 bonne heure de marche du village.

 

 

Les discours sont unanimes :

le problème principal est le manque d'argent pour acheter la matière première.

 

Car, chose curieuse, si l'on tisse depuis des générations à Sandrandahy, on n'a jamais été autonome en matière première, que ce soit soie ou coton.

La soie sauvage a toujours été achetée à Ambatofinandrahana ou à Ambohimanjaka, là où se trouvent les forêts de tapias, arbres sur lesquels les chenilles du borocera madagascariensis se nourrissent et font leur cocon au rythme de 2 cycles de production par an.

Mais depuis 2 ans le prix du kilo de cocons est passé de 3000 à 18000 ariary ! Et il faut 2 kilos de cocons pour un kilo de fil, ce qui amène le kilo de fil à 60 000 ariary minimum au lieu de 30 000, et c'est au détriment de la rémunération de la fileuse.


mission-mada-2012-038.jpg

Cocons de landibe, soie sauvage de Madagascar.

 

Je demande ce qui a provoqué cette flambée des prix.

Les réponses sont évasives : la « crise » (toutes les matières premières ont effectivement augmenté depuis le début de la crise politique de 2009), le manque de cocons (en fait non, il y a même des endroits où ils ne sont pas ramassés car situés dans des zônes rouges où sévissent les « dahalo », brigands de grands chemins), mais surtout, mais cela je m'en apercevrai par moi-même, parce que les américains achètent tout, parfois même avant récolte et au prix fort.

Les artisans malgaches n'ont plus qu'à s'aligner sur les prix fixés par les américains s'ils veulent des cocons...

Or à Sandrandahy, les artisans n'ont pas de sous...un peu à cause des américains.... on tourne en rond !

Il me faudra plus d'une dizaine de jours pour avoir bribes par bribes les explications de cette situation.

Quand j'étais passée à Sandrandhy en mars 2011 c'était l'euphorie !

Grâce à une Peace Corps (volontaire) américaine dont la mission était de trouver de nouveaux marchés,les artisans allaient participer à une grande foire du commerce équitable à Santa Fe.

Un stock impressionnant d'écharpes allait donc quitter les ateliers pour les Etats Unis.

Prisca qui joue le rôle de commerciale de l'association allait même partir là-bas où les écharpes allaient pouvoir se vendre 3 fois plus chères qu'à Madagascar et tout le bénéfice serait pour les artisans.

 

De passage à nouveau en novembre 2011, l'enthousiasme était un peu retombé même si les résultats obtenus étaient loin d'être nuls : 6000 dollars de chiffre d'affaire, une aubaine !

Oui mais... avec ces 6000 dollars il a fallu payer le frêt, la douane, le voyage de Prisca, ses frais sur place, le stand à Santa Fe et ils ont fondu comme neige au soleil...

Ajoutez à cela que, bénéficiant d'une subvention européenne, d'un terrain donné par la mairie, Sahalandy s'est engagé dans la construction d'un centre artisanal regroupant un magasin, une magnanerie, un atelier et des bungalows dont l'association doit assumer une partie des frais qui représentent 25% de la somme gagnée aux Etats Unis, et au bout du compte il ne reste plus rien des 6000 dollars. Les artisans n'ont donc pas récupéré individuellement leur mise de fond initiale pour leur stock et sont sans rentrée d'argent signifiante depuis un an...

Ces explications sont un peu longues mais nécessaires à la compréhension de la situation actuelle et des difficultés que j'ai rencontrées lors de ma mission.

Partager cet article
Repost0
6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 16:59

 

 

Sandrandahy

10 avril – 16 mai 2012



Mission de compagnonnage artisanal auprès des artisans soyeux


mission-mada-2012-016.jpg



 



« Sandrandahy est une commune rurale de 1ere catégorie, située à 270 km au sud d’Antananarivo, à mi-chemin entre la ville d'Ambositra et de Fandriana (RN 41), appartenant à la région d’Amoron’i Mania, dans la province de Fianarantsoa. »

Ça, c'est la définition Wikipédia.

 

Sandrandahy, c'est là où j'ai effectué ma première mission d'accompagnement artisanal auprès d'une dizaine d'artisans de la soie malgaches. Derrière la prose laconique de Wikipédia on ne peut soupçonner la réalité quotidienne de ce gros bourg, entièrement rythmée par les travaux agricoles de subsistance (riziculture principalement) et le travail artisanal du tissage.

Coton ou soie, cela fait des générations que l'on tisse à Sandrandahy, presque dans le secret.

Cette réalité m'avait échappée lors de mes précédents passages dans le village.

Pourtant, en faisant bien attention en descendant la rue principale, sous les varangues de presque toutes les maisons on voit des écheveaux sécher, témoins d'une activité intensive de tissage traditionnel.

Quand j'ai demandé au maire combien de tisserands il y avait à Sandrandahy il n'a pas su me répondre. L'inventaire n'a jamais été fait tellement c'est une évidence que toutes les familles tissent dans le village.

J'avais donc rendez-vous avec les soyeux de cette 'Croix Rousse' malgache

 

 

mission mada 2012 042

 

 

 

 

Qu'allais-je donc pouvoir apporter à ces gens déjà expérimentés pour la plupart ? Les objectifs de la mission souhaités par les artisans étaient à la fois vagues et très précis : cela allait de « teindre selon la tendance  , coudre ,  filature »à « bien maîtriser la filière soie ,  améliorer le niveau de vie ou développer les marchés ». Vaste entreprise !

 

Du 10 avril au 14 mai

Diagnostic et accompagnement

 

 

 

10 avril 2012

Pour la 7 ème fois me voici en partance pour Madagascar.

J'ai rendez-vous à l arrivée avec Maharavo, coordinateur national du projet RC-CRP. Je ne le connais pas et pense être attendue avec une pancarte. Or, j'ai beau lire tous les panneaux brandis à l'arrivée, rien ne correspond...il est 11h du soir, et je ne sais pas le nom de l'hôtel qui m'a été réservé. Heureusement j'ai mon téléphone malgache et j'ai encore du crédit de mon dernier voyage.

Au bout du fil Maharavo est tout étonné : «  Vous êtes déjà là ? Mais vous êtes en avance ! (mais non!) On est là, on arrive ».

En fait, Josielle Rafidy, Directrice Générale des FCCI de Madagascar que je devais rencontrer le lendemain matin a une réunion à Nairobi et est à l'aéroport pour l'enregistrement de ses bagages. Nous avons donc fait connaissance dans le hall des départs. J'y ai aussi rencontré Maéva qui terminait sa mission bois/ sculpture et nous avons pu échanger brièvement.

 

11 avril 2012

La réunion à la CCI étant supprimée, nous prenons donc le taxi-brousse en direction d'Ambositra. Nous arrivons vers 15h 30 et allons directement à la CCI où je fais connaissance avec Larisoa, experte-métier avec qui je dois travailler en binôme.

 

12 avril 2012

Encore une réunion supprimée : je devais voir le président de la CCI, mais il est à Tana. Nous partons donc, Larisoa et moi, de bonne heure pour Sandrandahy. Il n'y a que 25 kilomètres à faire, mais l'état de la route, et surtout celui de la voiture (une vieille 504 commerciale dans laquelle nous sommes 13 ou 14 ,plus les bagages) font que le trajet dure une bonne heure. Le paysage est magnifique.

La voiture nous laisse à l'entrée du village où se trouve le tout nouveau centre artisanal de l'association Sahalandy (nous en reparlerons plus loin). Les artisans concernés sont tous là.


mission-mada-2012-057.jpg

 

Après les discours de bienvenue et un petit rafraîchissement nous abordons le programme.

à suivre....

Partager cet article
Repost0
3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 06:51

Me voilà de retour.

Pas en bon état : des piqûres de moustiques se sont infectées et l'infection a galopé, mais les antibiotiques vont avoir raison de tout ça.

Je suis un peu "déçue" par ma mission: je n'ai pas pu faire la moitié de ce que j'avais prévu faute de matériel et de matières premières, mais  le temps passé à Sandrandahy au milieu des artisans me laisse de très bons souvenirs!

Mais il serait grand temps que Madagascar se sorte de cette crise qui dure depuis plus de 3 ans: les conditions de vie se dégradent, je le constate à chaque voyage, et la mentalité des gens change. Dans la difficulté c'est du chacun pour soi, parfois au mépris de la vie de son voisin.  (je ne juge pas, je constate).

Je suis aussi très inquiète pour l'avenir de l'artisanat malgache: toutes les belles matières premières partent à l'étranger.

Les bois précieux, les cuirs, les pierres précieuses en Chine

et j'ai eu la surprise de constater que les Américains faisaient une razzia sur la soie. Résultat: plus assez de matière première pour les artisans ou alors à un prix prohibitif.

Je trouve cela scandaleux.

Sous couvert  d'aide humanitaire ils sont en train de piller  le pays et de mettre les gens dans des situations financières plus que précaires.

Il y aurait beaucoup à dire sur "l'équitable"!

mission-mada-2012-046.jpg

Nous avons quand même fait pas mal de choses, dont de la teinture végétale.

Partager cet article
Repost0
4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 07:19

Dans une semaine je serai dans l'avion . Vers quelle destination? devinez...

Cette fois je pars  dans le cadre d'artisans sans frontières

J'ai découvert par hasard l'existence de cette institution. J'y ai envoyé une demande spontannée et justement ils cherchaient quelqu'un pour une mission soie à Madagascar!

le hasard fait bien les choses quand même!

Cette mission est à Sandrandahy.

RIMG0014.JPG

Je connais déjà quelques artisans concernés, je ne pars donc pas en terre inconnue! (Certaines ont même acheté un rouet, je vais donc pouvoir voir comment elles s'en sortent).

Donc, pas de salon de Nantes pour moi mais Gwenola (Laine et Tricot) a tous mes fils.

Pas de Rencontre Tricot Nordique non plus. Dommage... mais Annick emportera aussi un échantillonage de mes fils.

Je ne rentre que fin mai.

Le blog sera en sommeil pendant cette période, et si vous voulez des fils, reportez-vous  vers les boutiques qui me diffusent.

D'ici là, portez-vous bien!

Partager cet article
Repost0
23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 08:00

Pas de soie aujourd'hui mais je voulais absolument vous faire partager ce coup de coeur.

Il y a des gens géniaux sur terre!

Regardez cette vidéo

jusqu'au bout, même si c'est long!

En fait c'est tellement intéressant qu'on ne voit pas le temps passer.

link

J'aimerais avoir votre avis quand vous l'aurez regardée.

 

et surtout, faites circuler cette vidéo!

Partager cet article
Repost0